Le triangle dramatique de Steve Karpman
Le Triangle dramatique, dit aussi Triangle de Karpman, est une figure d’analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpman en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre Victime, Persécuteur et Sauveur : ces positions étant symboliques, une même personne peut changer de rôle.
C’est une schématisation qui tend à exprimer que si une personne utilise un de ces rôles (par exemple la victime), elle entraîne l’autre à jouer un rôle complémentaire (le Sauveur ou le Persécuteur). L’expression de ce scénario permet de déceler la mécommunication : on peut souvent l’utiliser pour exprimer les mécanismes ayant généré un conflit.
Ce modèle peut également être appliqué à des situations de manipulation (donc subies comme désagréables) : par exemple, si nous appelons le sujet persécuteur S1 et son souffre-douleur S2, alors S1 peut se poser en sauveur, affirmant à S2 qu’il est le bourreau d’une victime (personnage en général invité dans la conversation, pour les besoins de la manipulation).
Des manipulations peuvent être analysées selon ce modèle du triangle dramatique, en considérant chacun des 3 sommets du triangle, selon les cas rencontrés ; c’est-à-dire que S1 pourrait se positionner en victime et parle alors de S2 comme de son bourreau, etc.
Malheureusement, je vais vous illustrer un cas de Triangle Dramatique qui hélas se retrouve souvent notamment dans les « jeux » professionnels et aussi personnels.
Une de mes clientes « coachée » vient un jour me voir et me raconte la situation suivante :
Ma cliente, Véronique, a une amie, qu’elle connaît depuis plus de 10 ans. Cette amie qui s’appelle Sylvie n’a pas travaillé depuis 6 ans et se retrouve dans une situation financière délicate et donc Véronique lui propose de travailler avec elle.
En effet elle a crée depuis plus de 10 ans un petit cabinet conseil en formation qui marche plutôt bien car elle a su prospecter, innover, fidéliser ses clients et elle bénéficie d’une bonne image de professionnelle.
Pour conforter Sylvie dans sa nouvelle pratique, Veronique lui paye une formation en anglais et commence cette « collaboration ». Sauf que de rôle de Victime qui a cherché un Sauveur, Sylvie devient de plus en plus agressive y compris dans l’entourage professionnel direct de Véronique.
Ses mails sont écrits en majuscules, pas de formules de courtoisie …. Une colère rentrée, pinaille sur les détails, perd un temps incroyable, revendique sur tout ….
Donc de Victime qui cherche un Sauveur, Sylvie devient le Persécuteur de son Sauveur, et la danse à 3 du Triangle Dramatique se met en place.
L’apothéose est quand Véronique rentre de vacances et s’aperçoit que son courrier est ouvert « par inadvertance » et que son PC a été ouvert, ses mails « rangés » mais surtout fouillés « à sa demande » ! sauf que Véronique a juste demandé à Sylvie de regarder ses mails au cas il y aurait une urgence ! sauf que Sylvie a utilisé le nom de sa société pour faire une proposition en mettant Véronique devant le fait accompli !
Bref, Véronique a du couper tous les liens et elle a été stressée pendant 6 mois !
Conclusion : Véronique a perdu une amie ! Et elle ne reprendra pas de sitôt le rôle du Sauveur !
L’histoire n’est pas finie ; en effet, Véronique a eu début novembre un courrier de l’Administration Fiscale et elle subit un contrôle fiscal.
Alors est ce que c’est Sylvie ou le fruit du hasard ?
Le film Oui, mais… met en scène un exemple de ce triangle de façon explicite.
Oui, mais… mélange de manière humoristique une intrigue sentimentale entre adolescents, les différentes étapes d’une thérapie et la description illustrée des mécanismes de l’inconscient. La thérapie décrite dans le film est une thérapie brève (et non une psychanalyse), avec ses multiples techniques : analyse transactionnelle, gestalt, hypnose ericksonienne, injonctions paradoxales, thérapie systémique, humour, visualisation.
Oui, mais… se distingue de la plupart des films mettant en scène une psychothérapie (en particulier Will Hunting) en ceci que son psy ne vit ni conflit ni évolution. C’était une volonté affichée de l’auteur de ne présenter de son thérapeute que ce qu’un patient en découvre quand il vient consulter, c’est-à-dire pas grand chose. Ainsi, même si l’on devine que Moenner est un homme comme les autres, avec ses souffrances et ses zones d’ombre, le film n’explore rien de son histoire. En procédant de la sorte, Yves Lavandier a pris le risque de frustrer le spectateur qui a souvent besoin d’en savoir plus sur les personnages importants d’un récit mais il voulait offrir un portrait, plus juste à ses yeux, de ce que peut être une psychothérapie.